A deux, on peut résoudre tous les problèmes ! [PV Bess]

La vie après la mort. Sujet controverse, auquel on peut clairement répondre... Quand on est mort. On ne peut pas en parler aux vivants, mais c'est un soulagement, en tant que mort, de voir que l'on peut continuer un semblant de vie. A bien y réfléchir, tout le monde ne doit pas être d'accord sur cette nouvelle existence... Personnellement, j'aime bien. C'est une chance, je me verrai mal cracher dessus. Par contre... Les cours, là, c'était pas nécessaire... Je n'aimais déjà pas ça de mon vivant, mais ils me suivent même dans la mort. C'est l'occasion de changer la donne ! Quel optimisme, il faut d'abord que je me mette au travail, et rien que cette étape est difficile. Ça doit faire vingt minutes qu'une feuille est devant moi. Elle me repousse, c'est certain. Trop de problèmes pour une simple ligne, l'inutile illustré par une série de chiffre sans sens.

Le CDI s'imposait comme LE lieu idéal pour se concentrer. C'est lui, avec son aura calme et ses murmures discrets qui devait me faire plancher sur mes feuilles en vrac. Ça ne fait pas depuis longtemps que je suis ici, mais ça ne veut pas dire que je dois tirer au flanc directement. Hehehe, c'est beau d'y croire... C'est le bazar sur la table et dans ma tête, je n'ai pas envie de m'y mettre. Penser à tout et rien est visiblement plus important, et c'est un peu dommage. La moue boudeuse, un crayon se baladant entre mes doigts, je juge ma feuille. Elle m'agace. Un soupir. L'abandon ? Ah ça non ! Je regarde autour de moi, cherchant une âme charitable pour me sauver de la noyade mathématique. Le monde ne manque pas, et les places sont rares. Je doute qu'une personne bien installée bouge pour prendre la place libre à mes côtés.

Alors, je profite d'une récente arrivée. Une jeune fille qui semble avoir mon âge, les cheveux roses, vient d'entrer. C'est original comme couleur, mais beau. Dès qu'elle passe non loin de moi, je l'interpelle pour attirer son attention. Tout sourire, je lui indique la chaise libre.

« Hey ! Il y a une place à côté de moi, si tu veux. »

Pour appuyer mes paroles, je pousse les nombreux papiers qui encombrent la table. C'est peut-être bizarre comme façon d'aborder... M'enfin, il reste peu de place, je lui fais une proposition sympa. Viens, s'il te plaîîîît !

Elle a rougi ! Ça se remarque assez facilement, mais n'explique pas la justification qu'elle me lance en s'asseyant. D'ailleurs, quand elle me dit ça, je ne parviens pas à dissimuler l'amusement dans mon regard. Si son caractère est aussi excentrique que sa couleur de cheveux, on ne va pas s'ennuyer, et ça, c'est super.

« Bien sûr, bien sûr... »

J'ai vu plus convaincant comme excuse, c'est pourquoi je lui réponds aussi simplement. Cela dit, mon ton n'a rien d'un reproche ! C'est dit avec légèreté, sans grande importance. Par contre, je ne cache pas ignorer comment interpréter ce qu'elle a dit. Même si ça m'importe peu, ce n'était pas franchement valorisant. Je préfère orienter ma concentration sur la feuille qu'elle pose devant elle. Une feuille qui m'est bien familière, tant et si bien que je pense tout d'abord qu'il s'agit de la mienne. Or, non, mes affaires sont devant moi et pas ailleurs. Sa remarque confirme le tout. On a les mêmes exercices, et son ton n'indique rien de bon. Moi qui espérait fortement rencontrer la personne qui me sauverait, me voilà avec une compagne de galère ! Je pars dans un fou rire en pensant ça. On est dans la merde, si elle n'est pas plus douée que moi.

« Hahaha ! C'est trop fort ! On est dans la même classe, alors... Bon, je ne pourrais pas t'aider à résoudre ce problème, j'espérais que toi, tu puisses aider. Enfin, vu ta tête quand tu as remarqué ma feuille, c'est pas le cas. »

Je jette un coup d’œil à ma feuille, ressentant peu de regret face à ce papier de malheur. En effet, on ne va pas trop avancer avec cette fille, mais on ne peut pas dire que ça m'attriste particulièrement.

« Je m'appelle Eizh, j'ai 17 ans, et toi ? Autant faire connaissance, on abordera le problème après. Tu es ici depuis longtemps ? »

Un sacré problème, qui doit paraître aisé à résoudre pour les plus studieux. Là-dessus, je remets le bouchon de mon stylo plume pour le fermer. J'accorde ensuite toute mon attention à sa réponse. Ce n'était pas un si bon plan d'inviter quelqu'un d'autre, ça distrait. Mais il me semble plus important de faire la connaissance de la rose.  Je ne parle pas très fort, mais je ne chuchote pas pour autant, histoire d'être bien entendu.